"If" de Rudyard Kipling

Publié le par Olivier

 

 

 

Si tu peux voir détruit l'ouvrage de ta vie

Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,

Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties

Sans un geste et sans un soupir ;

 

 

 

   

Si tu peux être amant sans être fou d'amour,   

Si tu peux être fort sans cesser d'être tendre,

Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,

Pourtant lutter et te défendre ;

  

 

 

Si tu peux supporter d'entendre tes paroles

Travesties par des gueux pour exciter des sots,

Et d'entendre mentir sur toi leurs bouches folles

Sans mentir toi-même d'un mot ;

  

 

 

Si tu peux rester digne en étant populaire,

Si tu peux rester peuple en conseillant les rois,

Et si tu peux aimer tous tes amis en frère,

Sans qu'aucun d'eux soit tout pour toi ;

 

 

Si tu sais méditer, observer et connaître,

Sans jamais devenir sceptique ou destructeur,

Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,

Penser sans n'être qu'un penseur ; 

  

Si tu peux être dur sans jamais être en rage,

 Si tu peux être brave et jamais imprudent,

 Si tu sais être bon, si tu sais être sage,

 Sans être moral ni pédant ;

  

 

 

 Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite

 Et recevoir ces deux menteurs d'un même front,

 Si tu peux conserver ton courage et ta tête

 Quand tous les autres les perdront,

  

 Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire

 Seront à tous jamais tes esclaves soumis,

 Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire

 Tu seras un homme, mon fils.

 

 

Rudyard Kipling

Traduction André Maurois.

Ce poème était destiné au fils de R. Kipling, âgé de 12 ans.

Publié dans yoqi

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